S. f. (Poésie théâtrale, Art oratoire) La récitation, dit M. l'abbé Dubos, est une déclamation simple, qui n'est point accompagnée des mouvements du corps, et que l'industrie des hommes a inventée pour plaire, et pour toucher davantage que ne peut faire la lecture, surtout quand il s'agit de poésie. En effet, la récitation bien faite donne aux vers une force qu'ils n'ont pas, quand on les lit soi-même sur le papier où ils sont écrits. L'harmonie des vers qu'on récite, flatte l'oreille des auditeurs, et augmente le plaisir que le sens des vers est capable de donner ; c'est un plaisir pour nos oreilles, au-lieu que leur lecture est un travail pour nos yeux. L'auditeur est plus indulgent que le lecteur, parce qu'il est plus flatté par les vers qu'il entend, que l'autre par ceux qu'il lit. Aussi voyons-nous que tous les Poètes, ou par instinct, ou par connaissance de leurs intérêts, aiment mieux réciter leurs vers, que de les donner à lire, même aux premiers confidents de leurs productions. Ils ont raison s'ils cherchent des louanges, plutôt que des conseils utiles.
S. f. (Littérature) expression nouvellement introduite dans la langue, pour désigner certains lieux communs dont nos poètes, dramatiques surtout, embellissent, ou pour mieux dire, défigurent leurs ouvrages. S'ils rencontrent par hasard dans le cours d'une scène, les mots de misere, de vertu, de crime, de patrie, de superstition, de prêtres, de religion, etc. ils ont dans leurs porte-feuilles une demi-douzaine de vers faits d'avance, qu'ils plaquent dans ces endroits. Il n'y a qu'un art incroyable, un grand charme de diction, et la nouveauté ou la force des idées, qui puissent faire supporter ces hors d'œuvre. Pour juger combien ils sont déplacés, on n'a qu'à considérer l'embarras de l'acteur dans ces endroits ; il ne sait à qui s'adresser ; à celui avec lequel il est en scène, cela serait ridicule : on ne fait pas de ces sortes de petits sermons à ceux qu'on entretient de sa situation ; au parterre, on ne doit jamais lui parler. Lire la suite...